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Quels Couteaux?
 
        Il existe tellement de couteaux différents, tellement de façons de concevoir un couteau qu’il n’est pas inutile ici d’essayer de présenter en quelques mots mon humble vision de cet objet. J’apprécie beaucoup le travail de couteliers qui présentent des couteaux d’art, ayant nécessité parfois des centaines d’heures de travail, des couteaux bijoux, des couteaux sculpture, qui mobilisent des savoir-faire que je n’aurai probablement jamais. Comment, par exemple, ne pas s’émerveiller devant le travail de gens comme Roger Bergh, ou comme Gregory Delaunay et tant d’autres ? Mais pour moi, un couteau est avant tout un outil et doit le rester. Ce qui signifie plusieurs choses : qu’il doit être adapté à l’usage qu’on se propose d’en faire, qu’il doit être solide, bref qu’il doit être pensé et fabriqué pour être utilisé. Je confectionne des couteaux destinés à la cuisine ou à la table, des pliants de type piémontais mais, pratiquant la chasse à l’arc et étant souvent amené à fréquenter la nature scandinave, ce sont les couteaux « outdoor » que je préfère. J’aime par exemple beaucoup le travail de gens comme Eric Plazen, Laurent Gaillard, Fred Maschio, Jean Paul Sire, et d’autres encore. Voilà la famille de couteliers dont je fais partie. Les couteaux de type scandinave sont ceux que j’apprécie le plus. Pour qu’un couteau soit utilisable, il doit également rester à un prix raisonnable. Cette notion de prix « raisonnable » est pourtant forcément fonction du poids de sa bourse. Dans mon esprit, une fourchette entre 100 et 300 euros pour un couteau unique et artisanal, reste sage. J’essaie donc de me maintenir, sauf fabrication vraiment spéciale, dans cette gamme de prix. Bien sûr, il existe d’excellents couteaux à 20 ou 30 euros, et je dis cela sans ironie. Un Opinel, par exemple, est objectivement un très bon couteau qui couvrira 80 % des besoins d’un utilisateur « normal ». Mais ici nous parlons de pièces non industrielles, uniques ; la démarche d’achat est nécessairement différente.
 
    Comment définir « mes » couteaux ? Il est toujours difficile de parler de son propre travail mais je sais ce vers quoi je tends. Je souhaite fabriquer des couteaux chauds au toucher et ronds dans la main. Pour moi, et ne me demandez pas pourquoi, un couteau possède un manche en bois, et de préférence en bois « vivant » (loupe, ronce etc). Je n’aime pas les matières synthétiques comme le micarta et autres, ni les bois stabilisés. Il est évident que ces matières vieillissent mieux que le bois naturel mais qu’importe. Cela ne me dérange pas qu’un couteau se patine avec le temps, qu’il doive être nourri de temps en temps. Entre un matériau chaud, vivant, qui demande de l’attention et un matériau froid et indestructible, mon cœur ne balance pas. Je sais que l’homme n’aime pas voir vieillir les objets, et les êtres qui l’entourent, cela ne lui rappelle que trop sa propre déchéance mais il est des choses qu’il ne sert à rien de cacher. Un couteau avec un manche en bois et une lame en acier carbone vieillit. Cela fait partie de sa façon d’être unique. Un couteau va avoir une façon bien à lui de traverser le temps (en fonction de l’affûtage, de l’usage, de la nature de la peau de l’utilisateur, du soin qu’il en prend). La seule concession que je veux bien faire à cette lutte contre le vieillissement est l’usage, pour certains couteaux, d’aciers inox (et encore pas n’importe lesquels) notamment en ce qui concerne les couteaux de cuisine ou les couteaux vraiment soumis à des conditions extrêmes.
 
    Pour imaginer une forme, je cherche avant tout des lignes simples, des designs éprouvés et élégants. Je ne pense pas être encore parvenu à épurer suffisamment mes lignes et c’est dans ce sens que je continue désormais à travailler.
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Philosophie
 
         J’ai commencé à fabriquer des couteaux il y a de cela plusieurs années maintenant. Au tout début, j’étais loin d’imaginer toutes les richesses qui pouvaient se cacher derrière un objet apparemment aussi simple. Et pourtant, quand on entre dans cette passion on est comme entièrement aspiré : par tout ce qu’il faut apprendre, et qui reste à apprendre (la forge, les traitements thermiques, le montage des manches…) ; par toutes les possibilités qui s’ouvrent à nous en terme de formes, de matières, de design ; par les rencontres humaines que l’on peut faire parmi les couteliers, les amateurs et les clients. Totalement conquis par ce monde, j’ai donc décidé d’y consacrer une grande partie de mon temps et de vivre selon des valeurs telles que celles-ci :
 
- Le travail sur des pièces uniques.
 
   Dans un monde où tout est calibré, où nous possédons tous les mêmes choses, la pièce unique réenchante ce qui nous entoure, elle redonne une identité véritable aux objets dont on se sert. Un couteau artisanal est un couteau qui a été fait par une personne que l’on peut rencontrer, un couteau dont on connaît tout de la fabrication et des matières qui le composent : l’origine des bois, des aciers etc. Cette pièce unique est également le résultat du respect de multiples procédures telles la forge, les traitements thermiques, l’utilisation des bois et des aciers, la conception du dessin, de l’ergonomie, etc.
 
- La valorisation d’une autre conception du temps.
 
    Chaque étape de fabrication a sa propre temporalité : polir une lame à la main, ou encore révéler un damas, peaufiner la finition d’un manche en bois, chaque opération a son propre rythme. Cela demande du temps et donc de sortir un peu de cette course à la production. Vivre en prenant le temps d’essayer de faire bien les choses est désormais un luxe qu’il me semble important de défendre.
 
- Une remise en question permanente.
  
    Essayer de toujours faire mieux, confronter ce que l’on croit savoir avec les résultats du terrain, avec les expériences d’autres couteliers, avec les demandes des clients qui parfois frôlent les limites de notre savoir-faire. Je crois que les couteliers sont tous les mêmes de ce point de vue, ils ne sont jamais contents du couteau qu’ils viennent de terminer, et sont toujours à la recherche de l’objet parfait, du couteau dont ils seront réellement satisfaits. Malheureusement ils ne le fabriqueront jamais et il ne leur reste alors plus qu’à faire de nouveaux dessins, de nouveaux essais, de nouvelles pièces…
 
- Une attention particulière aux individus et aux autres.
 
    Fabriquer un couteau c'est espérer créer une vraie rencontre entre le futur utilisateur et la pièce que l'on a imaginée pour lui. Pour cela, il faut vraiment prendre le temps d’écouter et de comprendre ses choix esthétiques, ses pratiques (usages prévus, milieu d’utilisation), d’adapter le couteau à sa physionomie (taille de la main par exemple). De plus, il faut un minimum de confiance pour remettre un couteau à quelqu’un tant au niveau du soin qu’il en prendra que dans sa future façon de l’utiliser. C’est effectivement à l'utilisateur qu’il revient de le faire vivre. Dans ses mains, il peut être un ustensile utile pour faire la cuisine à ses amis, le compagnon d'une vie de plein air ou devenir un moyen de défense ou même une arme. Un couteau n'est ni bon, ni mauvais, il renvoie chacun à sa responsabilité et à sa façon d'être dans ce monde. Il y a une forme d’humanisme à confier un couteau que l’on a fabriqué à un individu que l’on ne connaît que partiellement. Fabriquer des couteaux permet de dépasser, pour un temps, les clivages socio-culturels si souvent présents entre les individus. Le couteau intéresse tout le monde, quels que soient son éducation, son pouvoir d’achat. Ayant eu l’occasion d’évoluer dans différentes sphères de la société (recherches universitaires, btp, activités de tourisme, et travail manuel …), c’est une dimension essentielle pour moi que de pouvoir croiser de nombreuses personnes d’origines multiples. 
Philosophie